Chapitre 19 Informations pour les mères, les sages-femmes, ou les accoucheuses
Lorsque le placenta est expulsé, il y a toujours un léger flux de sang. Normalement, cela ne dure pas longtemps et ne dépasse pas un quart de litre. (Il se peut que le saignement léger continue durant quelques jours, ce qui n’est normalement pas grave.)
Attention : Parfois, un fort saignement peut se produire à l’intérieur de la femme sans que beaucoup de sang ne sorte. Palpez son ventre de temps en temps. S’il semble être en train de grossir, il se peut que cela se remplisse de sang. Tâtez son pouls fréquemment et guettez les signes de choc.
Si vous avez de l’ergonovine, l’ocytocine, ou du misoprostol, administrez-en à la mère, selon les instructions sur la page suivants. (Si le placenta n’est pas encore sorti, utilisez de l’ocytocine ou du misoprostol au lieu de l’ergonovine.)
Pour aider à éviter ou contrôler la forte hémorragie, laissez l’enfant téter le sein de la mère. Si l’enfant ne tète pas, faites quelqu’un d’autre masser, et téter ou tirer doucement sur les mamelons de la mère. Ceci occasionnera la production d’une hormone (la pituitrine) qui aidera à contrôler l’hémorragie.
Si l’hémorragie continue, ou si la femme perd beaucoup de sang par un lent filet, procéder comme suit :
Si l’hémorragie continue malgré le massage de l’utérus, faites comme suit :
Si le saignement n’est toujours pas sous contrôle :
À noter : bien que certains médecins l’utilisent, la vitamine K n’arrête pas l’hémorragie liée à un accouchement, une fausse couche, ou un avortement. La vitamine K est seulement utile pour les enfants. Ne l’administrez pas aux adultes.
L’ocytocine, le misoprostol, et l’ergométrine (également appelé l’ergonovine) sont tous des médicaments qui provoquent les contractions de l’utérus et de ses vaisseaux sanguins. Ce sont des médicaments essentiels, mais très dangereux. Mal employés, ou donnés avant que le bébé soit né, ils peuvent causer la mort de la mère ou de l’enfant dans le ventre.
Utilisés correctement, il y a des situations où ils peuvent leur sauver la vie. En voici l’emploi correct :
1. Pour contrôler les saignements abondants avant que le placenta soit sorti : injectez 10 unités d’ocytocine dans le muscle de la fesse ou la cuisse (Pitocin, page Ocytocine) dès que possible. Si vous n’avez pas l’ocytocine, vous pouvez utiliser le misoprostol (Cytotec, page Misoprostol) à sa place. Donnez 800 mcg à laisser fondre sous la langue.
2. Si le saignement commence après la sortie du placenta : injectez 10 unités d’ocytocine dans le muscle de la fesse ou la cuisse. Si l’hémorragie ne s’est pas arrêtée dans les 20 minutes, injectez 10 unités supplémentaires. Ou, donnez à la femme 800 mcg à laisser fondre sous la langue. Autrement, vous pouvez lui donner de l’ergométrine (Ergotrate, page Ergométrine). Mais n’utilisez pas l’ergométrine si le placenta n’est pas sorti ou pour une femme qui a la tension artérielle élevée.
Important : Les sages-femmes et les autres agents de santé qui aident les femmes à accoucher devraient porter avec eux assez de médicaments pour arrêter le saignement abondant si jamais cela se produit. Trop de mères subissent un saignement mortel qui aurait pu être évité.
3. Pour aider à prévenir la forte hémorragie après l’accouchement. Certaines autorités conseillent de donner à toute femme une dose unique d’ocytocine, d’ergonovine, ou de misoprostol de la manière décrite ci-dessus pour prévenir la forte hémorragie après l’accouchement. Ceci empêchera certaines hémorragies dangereuses, mais aussi traitera beaucoup de femmes avec des médicaments dont elles n’en ont pas besoin. Une sage-femme qui n’a qu’une petite quantité de médicaments peut décider de sauvegarder ce médicament pour une urgence.
4. Pour contrôler la fausse couche hémorragique (page Fausse couche, avortement spontané). Si la femme perd rapidement du sang et le médecin est encore loin, utilisez l’ocytocine, le misoprostol, ou l’ergonovine de la manière décrite ci-dessus.
Attention : L’emploi du méthergin ou de la post-hypophyse pour accélérer l’accouchement ou pour “donner des forces” à la femme est très dangereux pour la mère et pour l’enfant. Les occasions où l’on doit employer ces médicaments avant l’accouchement sont très rares et il doit être administré par des médecins ou des accoucheuses qualifiées. N’administrez jamais ces médicaments avant la naissance.
Il n’y a aucun médicament sans danger qui permet à la mère de trouver plus de force ni d’accoucher plus facilement ni plus rapidement.
Pour que la femme ait suffisamment de forces pour l’accouchement, le mieux, c’est de bien la nourrir, et de lui donner éventuellement des vitamines et du fer pendant les neuf mois de la grossesse. Aussi, encouragez-la d’attendre quelques ans entre chaque grossesse pour que son corps puisse regagner toute sa vigueur (voir Chapitre 20 Le planning familial).