Chapitre 18 Les voies urinaires et les parties sexuelles
Infections transmises pendant un rapport sexuel
(Infections sexuellement transmissibles, ou IST)
Dans les pages suivantes, nous examinons quelques-unes des infections courantes qui sont transmises par les contacts sexuels : la gonorrhée, la chlamydiose, la syphilis et le lymphogranulome vénérien. Le VIH/sida est présenté au chapitre 24.
La gonorrhée (ou “chaude pisse”) et la chlamydiose
Hommes et femmes peuvent avoir la gonorrhée et la chlamydiose sans qu’il n’y ait aucun signe.
La gonorrhée et la chlamydiose peuvent avoir les mêmes signes, quoique la gonorrhée ait tendance à commencer plus tôt et à être plus douloureuse. Comme il est possible d’avoir les 2 infections en même temps, il vaut mieux les soigner toutes les deux. Si elles ne sont pas traitées, la gonorrhée et la chlamydiose peuvent rendre un homme ou une femme stérile (incapable d’avoir un bébé).
Chez une femme enceinte qui a une gonorrhée ou une chlamydiose non traitée avant l’accouchement, l’infection peut atteindre les yeux du bébé et le rendre aveugle (voir conjonctivite néonatale).
Signes chez l’homme
- écoulement de pus sortant à partir du pénis ;
- parfois, gonflement douloureux des testicules.
Signes chez la femme
Signes chez l’homme et la femme
- douleur ou sensation de brûlure en urinant ;
- plaques ou autres lésions de la peau sur tout le corps ;
- enflure douloureuse d’un ou des deux genoux, chevilles ou poignets.
Chez l’homme, les premiers signes apparaissent entre 2 ou 3 jours (ou jusqu’à 3 semaines, ou plus) après qu’il a eu des rapports sexuels avec une personne infectée. Chez la femme, les signes peuvent ne se montrer que des semaines ou des mois après le rapport. Mais toute personne infectée, qu’elle présente des signes ou pas, peut transmettre la maladie quelques jours après l’avoir attrapée.
Traitement
- Dans le passé, la gonorrhée était généralement traitée par la pénicilline. Mais aujourd’hui, la maladie est devenue résistante à la pénicilline dans beaucoup de régions, de sorte que d’autres antibiotiques doivent être utilisés. Il est préférable de se renseigner localement au sujet des médicaments qui sont efficaces, qu’on trouve facilement, et qui ne coûtent pas très cher dans votre région. Les médicaments utilisés pour le traitement de la gonorrhée et de la chlamydiose sont indiqués à Médicaments contre la gonorrhée et la chlamydiose. Si les écoulements et la douleur n’ont pas disparu 2 ou 3 jours après avoir essayé un traitement, il se peut que la gonorrhée soit résistante au médicament employé, ou que la personne ait une chlamydiose.
- Si une femme a la gonorrhée ou la chlamydiose, et aussi de la fièvre et des douleurs au bas-ventre, il peut s’agir de la maladie inflammatoire pelvienne (voir Douleur ou sensation pénible au milieu du bas-ventre).
- Toutes les personnes ayant eu des rapports sexuels avec une personne dont on sait qu’elle a la gonorrhée ou la chlamydiose devraient être traitées, surtout les femmes dont le partenaire est infecté. Même si elles ne montrent pas de signes de maladie, il est probable qu’elle l’ait attrapée. Si elle n’est pas traitée en même temps que son partenaire, elle le réinfectera.
- Protégez les yeux de tous les nouveau-nés contre la chlamydia et surtout la gonorrhée, maladie qui peut les rendre aveugles (voir conjonctivite néonatale).
Attention ! Une personne qui a la gonorrhée et la chlamydiose peut aussi avoir la syphilis sans le savoir. Parfois, en tant que prévention, il est préférable de donner le traitement complet contre la syphilis, parce que les médicaments utilisés pour le traitement de la gonorrhée et de la chlamydiose pourraient empêcher l’apparition des premiers symptômes de la syphilis, mais sans la guérir.
Pour la prévention de ces maladies et d’autres infections sexuellement transmissibles, voir Comment empêcher la propagation des infections sexuellement transmissibles.
La syphilis
La syphilis est une infection courante et dangereuse qui se transmet pendant un rapport sexuel.
Signes
- Le premier signe est une plaie appelée chancre. Elle apparaît 2 à 5 semaines après le rapport avec une personne qui a la syphilis. Le chancre peut avoir l’apparence d’un bouton, d’une ampoule ou d’une plaie ouverte le plus souvent situés sur les parties génitales de l’homme ou de la femme (mais il arrive aussi, plus rarement, de trouver un chancre sur les lèvres, les doigts, l’anus ou la bouche). En général, la plaie ne fait pas mal. C’est pourquoi, si elle est à l’intérieur du vagin, la femme peut ne pas s’en apercevoir, mais facilement transmettre l’infection à d’autres personnes. Si la plaie est douloureuse, il peut s’agir d’un chancre mou.
- Le chancre dure quelques jours et disparaît de lui-même sans médicament, mais l’infection est toujours là et continue à progresser vers d’autres endroits du corps.
- Quelques semaines ou quelques mois plus tard, la personne peut avoir mal à la gorge, une fièvre modérée, des ulcères dans la bouche, ou une enflure des articulations. N’importe laquelle des lésions suivantes peuvent apparaître sur la peau :
des plaques ou des petits boutons douloureux sur tout le corps
des sortes de contusions rouges, en forme d’anneaux
de petits boutons qui grattent, sur les mains ou les pieds.
Tous ces signes disparaissent d’eux-mêmes, ce qui fait croire à la personne qu’elle est bien portante, alors que la maladie continue. Si elle n’est pas soignée, la syphilis peut envahir n’importe quelle partie du corps, et causer des problèmes au cœur, une paralysie, la folie, ou beaucoup d’autres maladies encore.
Attention ! Pensez à une syphilis si quelques semaines après avoir eu un bouton sur les parties génitales, vous voyez apparaître sur les parties génitales des boutons, des plaques, des plaies ou des rougeurs bizarres. Recherchez l’avis d’un personnel soignant.
Traitement de la syphilis (pour une guérison totale, il est essentiel de suivre un traitement complet)
- Si les signes sont présents depuis moins de 2 ans, injectez-en une fois 2,4 millions d’unités de benzathine benzylpénicilline, la moitié de la dose dans chaque fesse (voir Comment employer la pénicilline). Si la personne est allergique à la pénicilline, administrez-lui de la tétracycline ou de l’érythromycine par la bouche, 500 mg 4 fois par jour, pendant 15 jours.
- Si les signes sont présents depuis plus de 2 ans, injectez 2,4 millions d’unités de benzathine benzylpénicilline, la moitié de la dose dans chaque fesse, une fois par semaine pendant 3 semaines, ce qui représentera au total de 7,2 millions d’unités. Si la personne est allergique à la pénicilline, administrez-lui 500 mg de tétracycline ou d’érythromycine, 4 fois par jour pendant 30 jours.
- Au moindre soupçon de syphilis, la personne doit immédiatement consulter un soignant. Des analyses de laboratoire spéciales seront peut-être nécessaires. S’il n’est pas possible de faire ces analyses, la personne doit en tout cas être traitée pour la syphilis.
- Toute personne ayant eu un rapport sexuel avec une personne dont la syphilis est confirmée et connue doit se faire soigner, surtout les maris ou femmes dont le partenaire a une syphilis confirmée.
Note. Si elles sont allergiques à la pénicilline, les femmes enceintes ou qui allaitent peuvent prendre de l’érythromycine, aux mêmes doses que la tétracycline.
Pour la prévention de la syphilis, voir les pages suivantes.
Éclatement des ganglions lymphatiques de l’aine (Lymphogranulome vénérien)
Signes
- Chez l’homme : enflure des ganglions lymphatiques dans l’aine, visible à l’œil nu (ces grosseurs sont appelées bubons). La peau est violette à cet endroit. Les ganglions crèvent et laissent couler du pus, puis ils se cicatrisent, pour recommencer à s’ouvrir.
- Chez la femme : le même problème de ganglions que chez l’homme, ou des plaies douloureuses dans l’anus, avec un écoulement.
Traitement
- Consultez un soignant.
- Donnez aux adultes 500 mg d’érythromycine 4 fois par jour, pendant 14 à 21 jours. Ou donnez de la doxycycline, 100 mg, 2 fois par jour pendant 14 à 21 jours.
- Pas de rapports sexuels tant que les plaies ne sont pas totalement guéries.
Note. Des bubons dans l’aine peuvent aussi être un signe de chancre mou.
Comment empêcher la propagation des infections sexuellement transmissibles
- Faites très attention au choix de vos partenaires sexuels. Les gens qui ont des rapports sexuels avec beaucoup de personnes différentes risquent plus d’attraper une IST. C’est pourquoi les travailleurs du sexe sont souvent infectés et transmettent l’infection. Pour éviter les risques d’infection, utilisez toujours une capote (ou condom, ou préservatif) ou un femidom (préservatif pour femmes), ou n’ayez qu’un partenaire sexuel fidèle.
- Faites-vous soigner sans attendre. Il est très important que les personnes atteintes d’une IST se fassent soigner tout de suite pour qu’elles ne la passent pas à d’autres. Avoir une IST augmente aussi le risque d’avoir le VIH ou d’autres infections sexuellement transmissibles. N’ayez pas de rapports sexuels jusqu’à 3 jours après la fin du traitement. (Malheureusement, il n’existe toujours pas de remède contre le VIH. Voir Prévention du VIH.)
- Prévenez les personnes qui ont besoin d’être traitées. Une personne apprenant qu’elle a une syphilis ou une gonorrhée, si elle est honnête, doit en informer tous ceux avec qui elle a eu des rapports sexuels, pour qu’ils puissent se faire soigner, eux aussi. Il est très important que l’homme infecté prévienne la femme, car les femmes peuvent transmettre la maladie sans savoir qu’elles l’ont, leurs bébés peuvent être infectés ou rendus aveugles, et avec le temps, elles peuvent elles-mêmes devenir infertiles ou très malades.
- Aidez les autres. Encouragez ceux de vos amis qui ont une IST à se faire soigner tout de suite, et conseillez-leur de ne pas avoir de rapports sexuels tant qu’ils ne sont pas complètement guéris.
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