Chapitre 6 Le bon et le mauvais emploi des médicaments qu’on trouve sur les marchés
Voici une liste des erreurs les plus souvent commises, et les plus dangereuses, dans l’emploi de médicaments modernes. Ces abus sont la cause de centaines de morts chaque année. Soyez prudents !
(Voir Chloramphénicol)
L’habitude de donner ce médicament en cas de diarrhée, de maladies sans gravité, ou d’infection aux poumons, est désastreuse, tant il est dangereux. Utilisez-le uniquement pour des maladies graves comme la typhoïde. Ne l’administrez jamais à des bébés de moins de 1 mois.
(Voir Médicaments pour contrôler les saignements après un accouchement.) Par exemple :
Malheureusement, certaines sages-femmes et accoucheuses administrent ces médicaments pour accélérer l’accouchement, ou “donner de la force” à la mère en phase de travail. Cette pratique est très dangereuse, et peut tuer la mère ou le bébé. Utilisez-les uniquement pour arrêter des saignements continus après l’accouchement (voir Hémorragie, saignements abondants).
L’idée courante que les piqûres sont toujours plus efficaces que les médicaments pris par la bouche, n’est pas vraie. Souvent les médicaments avalés marchent aussi bien ou mieux que des piqûres. De plus, la plupart des médicaments deviennent plus dangereux quand ils sont injectés que quand ils sont avalés. Les injections aux enfants qui ont une polio de type bénin (avec des signes de rhume seulement) peuvent causer la paralysie. L’emploi des piqûres doit être très limité, et le matériel toujours stérilisé (lire attentivement Chapitre 9, Instructions et précautions pour l’administration de piqûres).
La pénicilline agit seulement contre certaines infections. L’emploi de pénicilline pour les foulures, les entorses ou la fièvre est une grande erreur. En règle générale, les chocs qui n’ont pas causé de blessures ouvertes, même s’ils ont laissé de grosses contusions (traces sombres sous la peau), ne présentent aucun risque d’infection et ne justifient pas l’usage de la pénicilline ni d’un autre antibiotique. De même pour les rhumes, qui ne sont jamais guéris par la pénicilline ou d’autres antibiotiques (voir Rhume et grippe).
La pénicilline est dangereuse pour certaines personnes. Avant de l’employer, apprenez les risques et les précautions à prendre (voir Éviter les réactions sévères suite à une piqûre de pénicilline).
Son emploi contre la grippe et le rhume est abusif, car : elle n’a aucun effet sur ces troubles de santé ; elle peut créer des problèmes graves et mortels ; elle rend plus difficile la guérison de la tuberculose.
Ces médicaments n’ont aucun effet sur l’anémie ou la faiblesse, sauf dans des cas très rares. De plus, ils comportent un certain danger surtout quand ils sont administrés par injection. Ne les utilisez que sur l’avis d’un soignant et après avoir fait une analyse de sang. Évitez aussi le fer injectable, par exemple l’Imferon. Dans presque tous les cas d’anémie, il vaut mieux utiliser des comprimés de sulfate ferreux.
En général, n’injectez pas les vitamines ! Les piqûres sont plus dangereuses et plus chères, et n’agissent pas mieux que les pilules.
Malheureusement, beaucoup de gens dépensent de fortes sommes d’argent pour des sirops, des toniques et des fortifiants qui, le plus souvent, ne contiennent pas les vitamines les plus importantes. Mais même s’ils les contiennent, ils auraient plutôt avantage à acheter des aliments comme des œufs, des arachides, des haricots, des céréales complètes, du lait frais ou caillé, du poisson, de la viande, ou des fruits. Ces aliments sont riches en vitamines et autres éléments nutritifs.
Pour une personne mince et faible, c’est souvent mieux de lui donner de la bonne nourriture plus souvent que de lui donner des suppléments de vitamines et de minéraux.
Le chapitre 11 vous propose plus d’informations sur les vitamines, leur bon emploi, et les aliments qui en contiennent.
Il est extrêmement dangereux d’injecter du calcium dans les veines, car celui-ci peut rapidement tuer la personne s’il n’est pas administré très lentement. Les piqûres de calcium dans la fesse causent souvent des abcès ou des infections très graves. Ne faites jamais de piqûres de calcium sans avis médical.
Il arrive que certaines personnes qui sont très faibles ou anémiées dépensent jusqu’à leur dernier centime pour se faire injecter 1 litre de sérum intraveineux, pensant que ce produit leur rendra leurs forces ou fortifiera leur sang. C’est une erreur ! Le sérum est composé d’eau et de sel ou de sucre, et apporte moins d’énergie qu’une grosse sucrerie, sans enrichir le sang, qui devient au contraire plus liquide.
De plus, si la personne qui administre le sérum n’est pas qualifiée, ses gestes risquent d’introduire une infection dans le sang, capable elle-même de tuer la personne malade.
Le sérum physiologique ne doit être donné qu’aux personnes qui ne peuvent rien avaler, ou qui sont très déshydratées.
Tant que la personne peut avaler, il suffit de lui donner un litre d’eau avec un peu de sucre (ou de céréales) et de sel (voir boisson de réhydratation orale). Cela lui fera autant de bien que de recevoir un litre de sérum physiologique intraveineux. Quant aux personnes qui sont encore capables de manger, une alimentation nutritive leur permettra de se fortifier bien plus que n’importe quelle perfusion intraveineuse.
Si la personne malade peut avaler et retenir les liquides qu’elle boit…
Il est toujours dangereux de purger un petit enfant ou une personne très affaiblie. Malheureusement, beaucoup de gens font confiance à ce type de traitement. Pour en savoir plus sur l’emploi correct des purgatifs, des laxatifs et des lavements, voir les pages Le bon emploi des laxatifs et Laxatifs.
Son emploi contre la grippe et le rhume est abusif, car : elle n’a aucun effet sur ces troubles de santé ; elle peut créer des problèmes graves et mortels ; elle rend plus difficile la guérison de la tuberculose.
Exemple : clioquinol, di-iodohydroxyquinoléine, halquinol, broxyquinoléine : Diodoquin, Enteroquinol, Amicline, Quogyl, et beaucoup d’autres marques commerciales.
Il y a quelques temps, les clioquinols étaient d’usage courant en cas de diarrhée. Aujourd’hui, ces médicaments dangereux sont interdits dans beaucoup de pays, mais ils sont encore en vente dans certains endroits. Ils peuvent causer une paralysie définitive, une perte de la vue (cécité), ou même la mort. Pour le traitement de la diarrhée, voir Traitement de déshydratation.
(Prednisolone, dexaméthasone, et autres)
Ces médicaments anti-inflammatoires très puissants peuvent être nécessaires en cas de crises d’arthrite ou d’asthme sévères, ou de forte réaction allergique. Mais dans beaucoup de pays, ils sont prescrits pour soulager des douleurs modérées, parce que ces stéroïdes ont souvent des effets plus rapides. Cette pratique est, elle aussi, une grave erreur. Les stéroïdes diminuent les défenses du corps contre les infections, et peuvent avoir des effets secondaires très gênants ou même dangereux, surtout s’ils sont utilisés à forte dose, ou pendant plus de quelques jours. Ils peuvent aggraver la tuberculose, faire saigner les ulcères d’estomac, et rendre les os si faibles qu’ils se cassent facilement.
(Nandrolone decanoate, Durabolin, Deca-Durabolin, Oraboline ; stanozolol, Cetabon ; oxymétholone, Anapolon ; ethylestrénol, Organaboral, et beaucoup d’autres noms de marque).
Les stéroïdes anabolisants sont fabriqués à partir d’hormones masculines. Ils sont malheureusement utilisés dans les boissons fortifiantes qu’on donne aux enfants pour les aider à grandir et à prendre du poids. Il est vrai qu’au début l’enfant pourra grandir plus vite, mais il cessera de grandir plus tôt, et au bout du compte, finira plus petit que s’il n’avait pas pris de stéroïdes. Les stéroïdes anabolisants ont des effets secondaires (effets autres que celui désiré) très dangereux. Les filles voient des poils pousser sur leur visage, comme chez les garçons, qui ne disparaîtront pas une fois qu’elles auront arrêté le traitement. Ne donnez surtout pas aux enfants de sirops fortifiants ou de boissons pour la croissance. Pour les aider à bien grandir, dépensez cet argent pour acheter des aliments nutritifs.
(Butazones : oxyphenbutazone, Amidozone ; et phénylbutazone, Butazolidine)
Ces médicaments, prévus pour soulager la douleur des articulations (arthrite), peuvent causer une maladie de sang dangereuse et parfois mortelle (l’agranulocytose). Ils peuvent aussi endommager l’estomac, le foie, et les reins. N’utilisez pas ces médicaments dangereux. Pour l’arthrite, il est plus sûr et beaucoup moins cher d’utiliser de l’aspirine ou de l’ibuprofène. Pour les douleurs accompagnées de fièvre, vous pouvez utiliser de l’acétaminophène (paracétamol).
Deux ou plusieurs médicaments sont parfois combinés dans la même pilule ou le même fortifiant. Préparés de cette façon, ils deviennent généralement moins efficaces et plus chers, ou peuvent même faire plus de mal que de bien. Si on veut vous prescrire une combinaison de médicaments, demandez qu’on vous donne seulement celui qui est vraiment nécessaire. Ne dépensez pas votre argent en médicaments inutiles.
Certains médicaments contre le VIH se présentent sous forme de pilule unique, contenant une combinaison de médicaments (voir Thérapie antirétrovirale), pour en faciliter la prise.
Quoique d’usage très courant, les combinaisons suivantes devraient être évitées :